Changement climatique : les solutions d'adaptation et d'atténuation
Un problème planétaire qui réclame une réponse internationale
Même si les changements climatiques ont des répercussions locales très différentes suivant la géographie de la région affectée, l'augmentation de la concentration des gaz à effet de serre atteint, via le brassage des masses d'air, toute la planète et donc tous les écosystèmes en seulement quelques mois. Il s'agit donc d'un problème planétaire qui réclame des réponses claires et engagées au niveau international.Le point de changement doit arriver vite : si le réchauffement de la planète doit être limité à un maximum de 2°C au dessus des valeurs préindustrielles, les émissions mondiales doivent atteindre leur plus haut niveau entre 2015 et 2020 puis décroître rapidement. Pour stabiliser le climat, une société décarbonisée mondiale – avec pratiquement zéro émission de CO2 et d'autres gaz à effet de serre dits à longue durée de vie – doit être établie bien avant la fin de ce siècle. Plus particulièrement, les émissions annuelles moyennes par habitant devront diminuer à un niveau bien au-dessous d'une tonne métrique de CO2 vers 2050. Ce qui représente une baisse de 80 à 95 % par rapport aux émissions par habitant des pays développés en l'an 2000 (Résumé exécutif pour le sommet de Copenhague, 12/2009).
La question énergétique est au coeur de ces objectifs. Or, la consommation énergétique croît de 2% par an alors que les émissions devraient être divisées par deux. Pour exemple, en 2000, la consommation mondiale équivalait à la consommation cumulée de la période 1950 à 1957.
A ce titre, plusieurs colloques, conventions et organisations internationales se succèdent précisant à chaque fois, tant que possible, les conséquences prévisibles et les mesures à mettre en place.
Historique
Ainsi, nous pouvons retenir quelques dates clés :- 1951 : création de l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM)
- 1957 : année géophysique internationale : mesure du CO2 atmosphérique, suivi d'El Niño, forages polaires...
- 1979 : organisation de la première conférence mondiale sur le climat qui permet le lancement d'un programme mondial de recherche qui fait dorénavant autorité : le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE). Le monde scientifique se mobilise alors dans des travaux relatifs au changement climatique via le Programme de Recherche Mondiale sur le climat (PRMC, WCRP en anglais).
- 1986 : l'ICSU, le Conseil International pour la Science lance le Programme international géosphère-biosphère qui apparaît pour renforcer les connaissances en chimie, biochimie, écologie et biologie.
- 1988 : les sept pays les plus riches du monde (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon) créent le Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'Evolution du Climat ou Intergovernmental Panel on Climate Change (GIEC ou IPCC) sous l'égide du PNUE et de l'OMM. Le GIEC est célèbre pour ses rapports qui font autorité et ses scénarios prévisionnels sur l'ampleur des changements climatiques. Les discussions internationales s'animent notamment autour des informations données par le GIEC.
- 1989 : seconde conférence mondiale sur le climat à La Haye.
- 1991 : création du Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM). Approvisionné financièrement par des contributions volontaires des pays développés, il a pour objectif d'aider les pays en développement à faire face aux défis environnementaux dont les changements climatiques.
- 1992 : signature de la Convention-Cadre des nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) à Rio de Janeiro, il s'agit de " prévoir, prévenir ou atténuer les causes de changement climatique et en limiter les effets négatifs ".
- 1995 : le deuxième rapport d'évaluation du GIEC confirme la responsabilité des activités humaines dans les changements climatiques et préconise les actions préventives, en vertu du principe de précaution.
Première session de la Conférence des Parties à Berlin. - 1997 : troisième session de la Conférence des Parties : le Protocole de Kyoto.
- 1998 : quatrième session de la Conférence des Parties : le Plan d'action de Buenos Aires. Il est prévu l'élaboration progresive des règles de mise en oeuvre du Protocole de Kyoto : le système d'observance, le fonctionnement des échanges de crédits d'émission, l'échange d'informations, la coopération Nord-Sud.
- 2000 : sixième session de la Conférence des Parties à La Haye.
- 2001 : troisième rapport d'évaluation du GIEC et nouvelles fourchettes de prévisions sur l'évolution du climat.
Négociations de Bonn et de Marrakech : accords sur la mise en oeuvre des mécanismes prévus par le Protocole de Kyoto. - 2003 : conférence de Milan : rapprochement Nord-Sud et introduction des puits de carbone dans le Mécanisme pour un Développement Propre.
- 2005 : entrée en vigueur du Protocole de Kyoto.
- 2007 : quatrième rapport d'évaluation du GIEC : des prévisions de plus en plus pessimistes, la nécessité d'agir devient urgente.
Adoption de la feuille de route de Bali qui prépare aux négociations de l'après Kyoto. - 2009 : Le G8 s'engage à réduire ses émissions de moitié d'ici à 2050.
- 2009 : La conférence tant attendue de Copenhague pour finaliser les objectifs de réduction de l'après-Kyoto est un échec.
- 2010 : La 16e édition de la Conférence des Parties (COP) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et la 6ème Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties au Protocole de Kyoto (CMP) s'est achevée sur un sentiment d'impuissance, bien que le cycle des négociations de l'après-Kyoto soit sauvé.
- 2011 : La COP 17 s'est enlisée, laissant le défi du réchauffement climatique sans réponse claire et vigoureuse. Toutefois, les pays se sont mis d'accord pour que le protocole de Kyoto soit prolongé après 2012. On parle alors de deuxième période d’engagement du protocole de Kyoto
- 2012 : La COP18 voit le renoncement de pays très polluants, laissant l'Union Européenne et quelques pays se partager le fardeau de la réduction des émissions de gaz à effet de serre ; les pays les plus vulnérables ne sont plus soutenus financièrement : une véritable débandade...
Le Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'Evolution du Climat (GIEC)
Le GIEC, créé en 1988 à la demande du G7 est chapeauté par deux instances de l'ONU, l'Organisation météorologique mondiale (OMM/WMO) et le Programme des Nations Unies sur l'Environnement (PNUE). Plus connu sous son sigle anglais (IPCC - Intergovernmental Panel on Climate Change), il a pour mandat de faire régulièrement le point sur l'état des connaissances sur le changement climatique.L'objet du GIEC est d'expertiser et de compiler les études menées par plus de 2500 chercheurs et employant plus de 20 modèles sur le changement climatique.
Le GIEC a déjà publié quatre "Rapports d'évaluation". Le Rapport de 1990 a débouché sur la signature, au sommet de Rio (1992), de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (UNFCCC-CCNUCC) et celui de 1995 (SAR) sur l'adoption du protocole de Kyoto deux ans plus tard.
Le troisième rapport (TAR) a été publié en 2001, au moment où le président George Bush a décidé de ne pas ratifier Kyoto. Le quatrième (AR4), a encadré les négociations sur l'avenir du protocole de Kyoto qui expire le 31 décembre 2012.
Le GIEC se divise en trois groupes de travail : le Groupe I traite des bases scientifiques de l'effet de serre, le Groupe II des impacts du changement climatique et de l'adaptation au phénomène et le Groupe III de la maîtrise et de la réduction des gaz à effet de serre.
L'organisation est originale à plus d'un titre. En premier lieu elle associe, non seulement des chercheurs d'une multitude de disciplines (scientifiques et économistes notamment), mais aussi des politiques. En deuxième lieu sa tâche n'est pas de mener ses propres études mais d'évaluer celles des autres. Ainsi, ses membres doivent "expertiser l'information scientifique, technique et socio-économique qui concerne le risque de changement climatique provoqué par l'homme"
Comme l'a rappelé, à l'ouverture de la réunion de Paris le 29 janvier 2007, la vice-présidente du Groupe I, Mme Susan Solomon (Etats-Unis), elle doit fournir une "information pertinente mais non normative", manière de dire qu'elle ne doit pas faire de recommandations aux décideurs.
Chaque groupe de travail publie une somme d'un millier de pages, exploitant les meilleurs articles publiés dans son domaine. Il rédige aussi un "Résumé pour décideurs" d'une quinzaine de pages et un "Résumé technique". L'AR4, comme le troisième rapport, comportera un ultime volume, une synthèse d'une trentaine de pages des travaux précédents, accompagnée elle aussi d'un Résumé pour décideurs, elle est attendue pour le 17 novembre 2007. Les experts des gouvernements interviennent principalement en fin de processus. Ils négocient mot à mot avec les auteurs le libellé de chaque Résumé pour décideurs (La lettre de la SNDD - Numéro 14 de février 2007).
La Convention-Cadre des nations Unies sur les Changements Climatiques de 1992
En 1992 à Rio (Brésil), se tenait la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement, dite "Sommet de la Terre", au cours de laquelle des centaines de pays adoptèrent la convention sur les changements climatiques.La Convention-Cadre des nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) a reconnu l'existence de changements climatiques induits par les activités humaines. Il a alors été déclaré que les pays industriels, en tant que principaux responsables devaient lutter contre ce phénomène.
L'objectif énoncé par la CCNUCC est de "stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique". Et ce en convenant "d'atteindre ce niveau dans un delai suffisant pour que les écosystèmes puissent s'adapter naturellement aux changements climatiques, que la production alimentaire ne soit pas menacée et que le développement économique puisse se poursuivre d'une manière durable."
La CCNUCC est entrée en vigueur en mars 1994. Les pays développés, les pays en transition vers une économie de marché et l'Union Européenne s'étaient engagés à stabiliser leurs émissions de GES au niveau de 1990 pour l'an 2000.
De plus, les pays développés et la Communauté européenne figurant à l'annexe II de la Convention devront soutenir financièrement et technologiquement les pays en développement.
Ainsi, selon la Convention, les gouvernements doivent :
- rassembler et partager des informations relatives aux gaz à effet de serre, mais aussi aux politiques nationales et bonnes pratiques mises en oeuvre ;
- lancer des stratégies nationales pour faire face aux émissions de gaz à effet de serre et s'adapter aux impacts prévus, y compris la mise à disposition de soutien financier et technologique aux pays en développement ;
- coopèrer pour se préparer à l'adaptation aux impacts des changements climatiques.
Les pays membres de la CCNUCC se réunissent à la fin de chaque année pour la « conférence des parties » (COP). C'est au cours de ces conférences que sont prises les décisions majeures de la CCNUCC.
Le Protocole de Kyoto
La 3ème Conférence des Parties de la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, s'est tenue à Kyoto (Japon) en décembre 1997. Le protocole qui en est issu, engage juridiquement et quantitativement les 38 pays industrialisés signataires à réduire de 5,2% leurs émissions de gaz à effet de serre pour l'horizon 2008/2012, par rapport à leurs émissions de 1990.Cependant, pour l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, deux conditions étaient indispensables :
- au moins 55 pays devaient le ratifier
- parmi eux, ceux visés par l'annexe 1 de la Convention (c'est-à-dire pays de l'OCDE sauf Mexique et Corée, et pays dits en transition), devaient cumuler au moins 55 % des émissions de CO2 en 1990.
Pays de l'annexe I dont la part d'émissions de dioxyde de carbone en 1990 est supérieure à 2%
© notre-planete.info d'après UNFCCC
Or, George Bush a retiré les Etats-Unis (responsable de près de 36% des émissions de gaz à effet de serre) du Protocole de Kyoto en mars 2001 ; la Russie représentait 17,4% des émissions en 1990.© notre-planete.info d'après UNFCCC
Au 24 novembre 2005, 156 Etats avaient ratifié le Protocole. Les pays de l'annexe 1 qui ont des objectifs chiffrés représentent dorénavant 61,6% des émissions.
Nous pouvons suivre l'évolution de la ratification du Protocole de Kytoto (format PDF).
Heureusement, l'annonce de la ratification par la Russie du protocole de Kyoto a permis son entrée en vigueur en janvier 2005.
Il est ainsi prévu que les émissions à l'horizon 2008/2012 soient de respectivement :
- Etats-Unis - 7 %
- Japon - 6 %
- Norvège + 1 %
- Islande + 10 %
- Ukraine 0 %
- Union Européenne - 8 %, avec :
- Allemagne - 21 %
- Autriche - 13 %
- Belgique - 7,5 %
- Danemark - 21 %
- Espagne + 15 % (jusqu'à 15 % d'émissions supplémentaires possibles vu ses faibles rejets)
- Finlande 0 %
- France 0 %
- Grande-Bretagne - 12,5 %
- Grêce + 25 %
- Irlande + 13 %
- Italie - 6,5 %
- Luxembourg - 28 %
- Pays-Bas - 6 %
- Portugal + 27 %
- Royaume-Uni - 12,5 %
- Suède + 4 %
Une première étape qui engage la responsabilité des pays industrialisés
L'entrée en vigueur du protocole de Kyoto n'est qu'une première étape, modeste, dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. En effet, afin de contenir le réchauffement moyen de la Terre a 2°C maximum (seuil à partir duquel les bouleversement climatiques ne seront plus gérables), il faudra réduire de moitié les émissions mondiales de GES d'ici à 2050. Ce challenge signifie que les pays industrialisés devront diviser leurs émissions par 4 afin de laisser la possibilité aux pays en développement de poursuivre leur croissance.En effet, le Protocole de Kyoto, n'inclut pas, au moins jusqu'en 2012, des pays en voie de développement tels que l'Inde, la Chine et le Brésil, qui abritent pourtant plus d'un tiers de la population mondiale et qui deviendront dans quelques années les premiers émetteurs de gaz à effet de serre de la planète.
Les mécanismes de flexibilité
Sous l'influence des Etats-Unis, trois mécanismes de flexibilité (qui permettent donc plus de souplesse dans l'application du protocole de Kyoto) ont été élaborés pour réaliser des réductions à moindre coût et surtout permettre aux pays industrialisés de différer la mise en oeuvre de mesures nationales fortes pourtant nécessaires.Mécanisme pour un Développement Propre (MDP)
Les pays industrialisés et les entités qui en sont issues peuvent aider au financement et à la réalisation de projets de réduction d'émissions dans les pays en développement. En échange, ces premiers pays recoivent des droits d'émissions supplémentaires à la hauteur des rejets évités.Mise en Oeuvre Conjointe(MOC)
Les pays industrialisés peuvent aider à la réalisation de projets de réduction d'émissions dans les pays dits "en transition vers une économie de marché" (pays de l'Est et Russie) et bénéficier en retour de crédits d'émissions.Système international d'échanges de Permis d'Emissions Négociables (PEN)
Les droits d'émissions non utilisés peuvent être vendus et achetés au sein d'une bourse mondiale.Le programme REDD +
La déforestation et la dégradation des forêts sont causés par l'expansion agricole, le développement des infrastructures, l'exploitation forestière et les incendies. Cela représente près de 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, plus que le secteur des transports. La Réduction des émissions résultant du déboisement et la dégradation des forêts (REDD),mise en place en septembre 2008 vise à donner une valeur financière au carbone stocké dans les forêts, en incitant les pays en voie de développement à réduire les émissions provenant de la déforestation et à investir dans une économie sobre en carbone. REDD + va au-delà la déforestation et la dégradation des forêts, et prend en compte la conservation, la gestion durable des forêts et le renforcement des stocks de carbone forestier.Selon le programme des Nations Unies REDD +, il est prévu que les flux financier issu de ce mécanisme pourrait atteindre jusqu'à 30 milliards de dollars par an. Cette importante manne financière Nord-Sud flux pourrait, en plus de réduire significativement les émissions de carbone, soutenir le développement durable des pays dotés d'une richesse forestière.
Pour atteindre ces multiples avantages, REDD + exige l'engagement total et le respect des droits des peuples autochtones et autres communautés tributaires des forêts.
Le coût de la réduction des émissions de gaz à effet de serre
Les politiques engagées pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre sont relativement coûteuses mais bien plus abordables que notre indécision qui rendrait le coût des réparations insurmontable.On estime que réduire les émissions de carbone d'une tonne coûte environ 13 euros, contre seulement 0,05 à 0,10 euro par tonne de CFC, un puissant gaz à effet de serre (Parlement européen, 09/2011).
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